L’EMPREINTE D’UN PASSEUR D’ART




Cette passion de la gravure, qui a trouvé sa voie dans la manière noire, je la dois à François Verdier (1945 - 2014), un graveur d’exception, qui animait alors, en 1995, l’atelier de l’École municipale d’arts plastiques de Niort.



Michèle Joffrion et François Verdier, Four Pontet - Biennale de Magné - juin 2011



LES PRÉMICES DE LA "MANIÈRE NOIRE"

Ma découverte de la manière noire fut expérimentale et liée au fait que mon attrait pour l’expression en art graphique résidait dans la demi-teinte et non le trait. Je ne suis pas une dessinatrice. Les exemples suivants sont démonstratifs de ma recherche et de mon avancement dans la connaissance et la pratique d’une "manière", dont je revendique aujourd’hui la pureté.



"Poisson" (10-1995)
Pointe sèche
9,5 x 14,5 cm
"Ville" (02-1997)
Pointe sèche
13 x 18 cm

Dans "Poisson", "Ville", "Miroir éclaté", j’ai strié la plaque à la pointe sèche, en passages très, très serrés, dans trois directions, puis j’ai gratté et bruni.

La plaque "Miroir éclaté" m’a demandé un grattage très long et douloureux pour les doigts. Pour me faire prendre conscience de toutes les possibilités d’effets, François Verdier m’a fait tirer cette plaque en noir d’abord, puis en couleur, puis avec un chine appliqué, puis avec une deuxième plaque uniformément grainée à la pointe en la superposant à la première avec couleur. Toute une épopée !

"Miroir éclaté"
Pointe sèche
10 x 14 cm
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"Cœur de bois" (11-1996)
Grainage à la toile émeri, pointe sèche
16 x 12 cm
Méditation" (01-1997)
Pointe sèche, vernis mou
18 x 12 cm


Dans "Cœur de bois", j’ai fait un essai de grainage en passant de nombreuses fois à la presse ma plaque doublée d’un papier émeri dont les grains ont laissé des impacts dans le métal. Puis j’ai dessiné à la pointe sèche et enfin gratté.


Dans "Méditation", la tête a été traitée à la pointe sèche (en passages très, très serrés, dans trois directions, puis grattée et brunie), avant d’être encrée en noir pour suggérer la méditation dans l’obscurité, tandis que le lacis réalisé autour en vernis mou représente la pensée, le tout réuni sur un papier de Chine appliqué. C’était déjà complexe !





"Jardin des sens" (04-1997)
Manière noire
14 x 10 cm
"Chute plombée" (12-1997)
Manière noire, pointe sèche
17 x 12 cm

" Jardin des sens" est une vraie manière noire réalisée au berceau prêté par François Verdier, de même que "Chute plombée" où la feuille de chêne est une vraie pointe sèche. Sur cette plaque, j’ai commencé des effets de grattage allant en sens inverse, à gauche et en haut. Subtilité de la rencontre !




"Rebond " (06-1997)
Roulette
7,8 x 5,5 cm

"À pic" (09-1997)"
Roulette
17 x 12 cm


Enfin, dans "Rebond" et "À pic", le grainage est celui d’une roulette, pas très large (roulette de briquet montée par Rémy sur un manche en bois). Ceci m’a demandé de très nombreux passages pour tout couvrir, et toujours dans trois directions. Oh ! les doigts… J’étais alors en vacances, j’avais le temps.


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"Oscillations " (03.1998)
Roulette
11 x 16 cm




"Oscillations" a été réalisé suivant cette méthode à la … vraie roulette. C’est à la loupe que je l’ai vérifié ! Quel travail !


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"En octobre 1998, mon premier berceau graine "Histoires lointaines", mon anniversaire est passé par là. La manière noire est lancée. Toutes ces recherches tiennent de "l’incertain" tant il est difficile de couvrir une surface de traits, de points réguliers en largeur, en profondeur, en espacements, avec la pointe sèche ou la roulette. Vouloir atteindre une finesse de dégradés dans ces conditions tient de la gageure. Cependant ces irrégularités jointes au travail du berceau apportent une vibration à la gravure comme dans "Toccata", "Casse-tête", "De l’air". C’est un souffle de sensible. C’est la vie. C’est alors à l’image de l’homme.